mardi 18 septembre 2007

Bernard Kouchner s’en va-t-en guerre (Jeune Afrique N 2437)

Georges Bush avait en Tony Blair non seulement un supporteur dévoué mais surtout un porte-parole spécialisé dans l’art de devancer ses projets. Le vide laissé par Tony Blair a vite été comblé par le french doctor, Bernard kouchner. Cet ancien administrateur des Nations Unies au Kosovo a décidé de se mettre en avant sur tous les dossiers, notamment libanais, irakien et iranien qui préoccupent l'administration américaine.
L’ex ministre socialiste et actuel ministre des affaires étrangères de M. Sarkozy, qui avait été, en 2003 déjà, l’un des rares hommes politiques français à soutenir la guerre contre l’Irak Il s’est distingué ces derniers mois par des déclarations plus à droite que celles des responsables américains. Ainsi, lors d’un passage à Bagdad, s’est-il fait plus royaliste que le roi (américain) en appelant à la démission de Premier ministre Nouri al Maliki avant de se confondre en excuses pour cet élan passionnel.
Plus récemment, le 16 septembre, il a estimé, à propos du dossier nucléaire iranien et de la perspective d’aggravation des sanctions économiques décrétées par le Conseil de sécurité de l’Onu, que le monde devait « se préparer au pire », c’est-à-dire à la possibilité d’une « guerre » contre l’Iran.
Critiquée et contredite aussi bien par le secrétaire américain à la défense Robert Gates, que par le directeur général de l’AIEA, Mohamed El Baradei, ou encore par les ministres des affaires étrangères allemand et autrichien, cette déclaration fournit une preuve supplémentaire de la rupture avec la politique d’indépendance de la politique étrangère française par rapport à la politique étrangère américaine. Nicolas Sarkozy avait déjà laissé entendre, le 27 août dernier, que la crise autour du nucléaire iranien était « sans doute la plus grave qui [pesait] aujourd’hui sur l’ordre international ». La déclaration de Kouchner ne fait que confirmer l’alignement pur et simple de la France sur les thèses américaines. Ce genre de déclarations va-t-en guerre ne font en réalité que jeter de l’huile sur le feu, attiser les positions iraniennes, menacer la paix et la sécurité internationales et fournir, hélas, de bons arguments aux extrémistes de tous bords.