mercredi 2 juin 2010

UN CRIME INTERNATIONAL MULTIFORME

Ce n’est pas la première fois, et ce n’est certainement pas la dernière fois, que l’État d’Israël s’attaque à un objectif civil, moyennant l’utilisation de dispositifs militaires, aériens et navals, lourds et impressionnants.
Ce n’est sûrement pas la première fois, et ce n’est certainement pas la dernière fois, qu’Israël lance une opération militaire d’envergure en dehors de ses frontières.
Ce n’est sûrement pas la première fois, et ce n’est certainement pas la dernière fois, qu’Israël bafoue le droit international et plus particulièrement le droit international humanitaire, et lance un énième défi au Conseil de sécurité de l’ONU en se moquant de ses multiples résolutions (en l’occurrence la résolution 1860(1).
En réalité, Israël, fort de son impunité et de l’immunité dont il bénéficie au sein des instances onusiennes, a habitué une Communauté internationale, totalement impuissante à l’égard de l’Etat hébreu, à de tels défis. Avec chaque nouvelle opération, Israël franchit une nouvelle étape dans le sens de la provocation. Avec la dernière attaque contre la flottille da la liberté, Israël a voulu administrer une nouvelle preuve à tous les États, alliés et ennemis, neutres et engagés, puissants et faibles, occidentaux, arabes, musulmans et non alignés, qu’il a un statut exorbitant du droit international commun ; et qu’aucune norme juridique international, conventionnelle, coutumière ou unilatérale ne s’impose à lui.
En se livrant à une attaque contre un convoi humanitaire international pacifiste en haute mer, en tuant une dizaine de militants humanitaires, en en blessant une quarantaine et en en détenant des centaines dans ses prisons, Israël a commis une cascade de faits internationaux illicites d’une extrême gravité de nature non seulement, à engager sa responsabilité internationale, mais aussi à prendre contre lui des mesures répressives collectives (par le Conseil de sécurité en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies) et à engager contre ses dirigeants et les exécutants de l’opération des poursuites pénales, aussi bien devant les juridictions internes des différents États parties à la IVè Convention de Genève sur la protection des civils, que devant la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité.
La déclaration du Président du Conseil de sécurité adoptée le 1er juin 2010, à l’issue d’un débat de douze heures, ne présage rien de significatif en ce sens. Non seulement le Conseil n’est pas parvenu à adopter une résolution en bonne et due forme, mais les termes de la déclaration édulcorée(2) du Président du Conseil confortent Israël dans son attitude rebelle.
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1) « Se déclarant […] gravement préoccupé par l’aggravation de la crise humanitaire à Gaza, […]
Soulignant la nécessité de faire en sorte que les biens et les personnes puissent emprunter régulièrement et durablement les points de passage de Gaza, […]
2. Appelle à la fourniture et à la distribution sans entrave dans tout Gaza de l’aide humanitaire, y compris les vivres, le carburant et les traitements médicaux;
3. Se félicite des initiatives visant à créer et ouvrir des couloirs humanitaires et autres mécanismes permettant un acheminement ininterrompu de l’aide humanitaire;
4. Appelle tous les États Membres à soutenir les efforts internationaux déployés pour améliorer la situation humanitaire et économique à Gaza, notamment en versant des contributions supplémentaires nécessaires de toute urgence à l’UNRWA et par le biais du Comité de liaison ad hoc;
5. Condamne toutes les violences et hostilités dirigées contre des civils ainsi que tous les actes de terrorisme; »
2) Le Conseil de sécurité condamne l'opération israélienne contre la flottille humanitaire en route pour la bande de Gaza. Il exhorte Israël à engager une enquête « transparente, crédible, impartiale et rapide », à « libérer immédiatement les navires et les civils détenus » et à « garantir la livraison de l'aide du convoi ».
Le Conseil de sécurité a également souligné que la situation à Gaza n'était pas « durable ». Il a exprimé son « inquiétude » sur la situation humanitaire, tout en réaffirmant la nécessité de laisser transiter l'aide vers la Bande de Gaza.