mercredi 5 novembre 2008

Débarasser le sport de la politique

L'hymne national français a été encore une fois sifflé par le public du stade de France avant le début de rencontre amicale de foot ball entre la France et la Tunisie.
l'incident, regrettable et condamnable, a tout de suite pris les allures d'une affaire d'Etat. Un cabinet de crise s'est réuni à l'Elysée autour du président de la république et a décrété un certain nombre de mesures à 'efficacité douteuse et à pertinence aléatoire.
La question qu'on aurait du poser à l'occasion de cet incident, et à l'occasion de bien d'autres incidents similaires observables un peu partout dans les stades du monde consiste à savoir pourquoi fait-on précéder une rencontre sportive de l'exécution des hymnes nationaux ? Pourquoi transforme t-on une rencontre sportive en démonstration de nationalisme voire même en confrontation interétattique ?
Il est pourtant certain que la politisation du sport ne sert ni le sport ni la politique. Il est temps que l'esprit sportif et l'olympisme chassent la politique des terrains de jeu.
Jeux olympiques, coupes du monde, championnats continentaux etc. devraient retrouver leur caractère véritablement sportif. Ni drapeaux, ni hymnes nationaux, ni chef d'Etat et de gouvernement dans les tribunes, ni triomphalisme déplacé.
Le sport est un jeu destiné à rapprocher les peuples, à pousser les athlètes à donner le meilleur d'eux-mêmes. le sport n'est pas la continuation de la guerre par d'autres moyens. Le sport n'est pas un moyen de propagation de la haine entre les peuples.
Le sport désigne désormais , en raison de l'immixtion du politique, le nouveau nom de la guerre. C'est regrettable. Les choses devaraient enfin changer.

vendredi 18 janvier 2008

Benazir Bhuto et Rafiq Hariri : deux itinéraires, deux destinées

Plusieurs similitudes ont rassemblé Benazir Bhuto et Rafiq Hariri, aussi bien dans la vie que dans la mort tragique.

Parallèlement, d'énormes différences caractérisent le traitement international les dossiers des deux grands disparus.

Bhuto[1] et Hariri[2] étaient chefs de gouvernement de leurs pays respectifs, multiconfessionnels et multiculturels : l’énorme Pakistan (803.400 Km²) et le petit Liban (10.452 Km²). Tous les deux étaient à la tête de fortunes colossales qui leur ont permis de mener une carrière politique sans compter sur les subsides et largesses des autres. Tous les deux ont bâti une dynastie politique familiale appelée à assurer leur continuité. Tous les deux étaient très bien vus des anciens occupants anglais et français de leurs pays et tous les deux avaient de solides alliances à l'étranger. Tous les deux ont connu l'exil et tous les deux ont été accueillis à bras ouverts à l’étranger quand ils sont tombés dans une certaine disgrâce politique dans leurs pays. Enfin, au moment ou chacun d'eux essayait de reprendre les rennes du pouvoir dans son pays, ils ont été crapuleusement et lâchement assassinés.
Leur assassinat a provoqué une compassion générale dans leurs propres pays, mais aussi et surtout à l'étranger où ils sont considérés comme des martyres du combat pour la démocratie et l'alternance au pouvoir

Là s'arrêtent les similitudes et là commencent les écarts surprenants et incompréhensibles dans les attitudes observées par les puissances mondiales agissantes et les organisations internationales.
En effet, l'attitude de la communauté internationale face aux deux assassinats a pris deux directions diamétralement opposées. Dans un cas, l’assassinat de Rafiq Hariri, une rigueur à toute épreuve ponctuée par une cascade de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont certaines ont pour fondement le chapitre VII de la Charte de l'organisation mondiale, l'envoi de commissions d'enquête internationales, la mise à l'index de pays voisins “voyous”, les interventions de toutes sortes dans les affaires intérieures d'un État censé indépendant et souverain et enfin la constitution d’un tribunal de caractère internationale dans des conditions de légalité suspectes.
Dans l'autre cas, l’assassinat de Benazir Bhuto, il y a eu des déclarations platoniques de condamnation émanant des sommités de ce monde, des télégrammes de condoléances, mais rien de concret : ni commission d'enquête, ni résolutions, ni chapitre VII, ni, encore moins, tribunal à caractère international.

Encore une fois deux situations et deux stratégies. Il est vrai qu'à la tête du Pakistan se trouve un chef d'Etat bien accommodant et compréhensif, aux convictions démocratiques peu poussées, mais qu'importe ? C'est un allié sûr, arrivé au pouvoir suite à un coup d’Etat, qu’il ne faut surtout pas mettre en difficulté après sa dernière réélection si « honnête et régulière » !!!
Il est vrai aussi que Benazir Bhuto n'a pas fait preuve de largesses extrêmes à l'égard des anciens maîtres de son pays. Elle ne les a pas couvert d'honneurs et ne leur a surtout pas légué d'hôtels particuliers à Londres ou à Paris pour y passer une paisible retraite
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[1] Elle a exercé deux mandats de Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996. Depuis 1998 elle était en exil à Dubaï ensuite à Londres.

[2] Il a dirigé 5 gouvernements entre 1992 et 2004, de 1992 à 1998 et de 2000 à 2004.