En 2011, suite à la révolution de la liberté et de la dignité, le régime du parti unique ou de l’Etat parti a fait long feu. Le RCD a été dissous par voie judicaire. Depuis, des dizaines de partis politiques ont vu le jour (plus de deux cents partis politiques). Le pluripartisme est devenu une réalité incontournable, un élément naturel du nouveau paysage politique. Des élections disputées, transparentes et honnêtes ont eu lieu en 2011. Elles ont donné naissance à une ANC représentative qui a doté le pays d’une constitution démocratique. Trois ans plus tard, en 2014, une ARP et un Président de la république dotés d’une légitimité populaire ont été investis.
Le pluripartisme n’a pas généré le pluralisme
Cependant, le pluripartisme, c’est-à-dire, la multiplicité des partis politiques, ne signifie pas pluralisme. Il n’est pas synonyme de pluralité d’opinions. Le pluripartisme ne donne pas nécessairement naissance à la diversité des idées et au débat d'opinion. Le pluralisme d’opinion ne s’exprime que s’il y a pluralisme dans l’expression des idées et des opinions. A ce moment les idées peuvent s’échanger, s’entrechoquer et le débat démocratique s’instaure.
En la matière, et malgré le foisonnement des mass médias (chaînes de TV, journaux écrits, journaux électroniques, stations de radio), et des réseaux sociaux, une pensée unique caractérise notre paysage médiatique. Il suffit de lire un journal, de regarder une chaîne de Tv, d'écouter une station radio pour retrouver le même discours chez tous les autres organes, pour trouver les mêmes appréciations pour trouver les mêmes jugements. Il y a très peu de voix dissidentes.
Trois exemples tirés de l’actualité politique et sportive récente suffiront à illustrer cette pensée unique qui sévit.
En la matière, et malgré le foisonnement des mass médias (chaînes de TV, journaux écrits, journaux électroniques, stations de radio), et des réseaux sociaux, une pensée unique caractérise notre paysage médiatique. Il suffit de lire un journal, de regarder une chaîne de Tv, d'écouter une station radio pour retrouver le même discours chez tous les autres organes, pour trouver les mêmes appréciations pour trouver les mêmes jugements. Il y a très peu de voix dissidentes.
Trois exemples tirés de l’actualité politique et sportive récente suffiront à illustrer cette pensée unique qui sévit.
Primo, l’affaire Neji Jalloul. Ce ministre, très controversé, même en dehors des milieux syndicaux, a été démis de ces fonctions de ministre de l’éducation le 30 avril 2017. Tout le monde a crié au scandale, voyant dans la décision de révocation prise par le Chef du gouvernement une capitulation devant l’Ugtt. Du coup, le ministre concerné, et par un coup de baguette magique, s’est transformé en une nuit en héros, en icône. Personne n’a essayé d’aller au fond des choses et d’analyser calmement les tenants et aboutissants d’une décision précipitée par des déclarations tonitruantes dudit ministre face à un animateur haut en couleurs, voulant sans doute dupliquer l’affaire Briki, cet autre ministre révoqué pour indiscipline gouvernementale. Certains poussant le ridicule jusqu’au bout ont soutenu qu’une telle révocation allait hypothéquer la tenue des examens nationaux, comme si l’organisation de ces examens était entre les mains du ministre et non entre les mains d’une administration rodée à cet effet depuis plus de soixante ans. Tout le monde a passé sous silence que si danger il y avait sur les examens nationaux il provenait des syndicats.
Secundo, l’affaire de la ministre des finances, Lamia Zribi. Avant son remplacement le 30 avril 2017, Mme Zribi était décrite comme « une piètre ministre des finances » dont une déclaration a été l’origine de la chute vertigineuse du cours de la monnaie nationale. Sa tête était réclamée par tous. Il a suffi, que la décision inéluctable de son remplacement soit prise pour qu’un revirement spectaculaire soit observé et pour que la décision du Chef du gouvernement soit criblée par les critiques. Toujours aucune voie discordante ou opinion différente !
Tertio, la déclaration faite par la ministre de la jeunesse et des sports, Majdouline Cherni après les actes de vandalisme et les attaques contre les forces de l’ordre au cours et à l’issue de la rencontre de football, CA - EST. La ministre a qualifié, à juste titre, ce qui s’est passé de « terrorisme des stades ». Un tollé général s’en suivit. Pourtant tout le monde sait qu’aujourd’hui, un vrai terrorisme règne dans nos stades et ailleurs (sur les routes par exemple). Il suffit que l’équipe locale ne gagne pas pour qu’une vraie guerre s’engage. Les forces de l’ordre sont la cible principale. A l’issue de la rencontre Tataouine - CAB le gouvernement a « promis » des sanctions graves allant jusqu’à la suspension du championnat. En ne prenant pas la décision le gouvernement a perdu une belle occasion de rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat. Clubiste de notoriété publique j’ai eu à l’occasion du match gala CA c. PSG d’attirer l’attention sur ce hooliganisme. Mais les déclarations de Mme Cherni n’ont pas été du goût de notre vénérable pensée unique.
Secundo, l’affaire de la ministre des finances, Lamia Zribi. Avant son remplacement le 30 avril 2017, Mme Zribi était décrite comme « une piètre ministre des finances » dont une déclaration a été l’origine de la chute vertigineuse du cours de la monnaie nationale. Sa tête était réclamée par tous. Il a suffi, que la décision inéluctable de son remplacement soit prise pour qu’un revirement spectaculaire soit observé et pour que la décision du Chef du gouvernement soit criblée par les critiques. Toujours aucune voie discordante ou opinion différente !
Tertio, la déclaration faite par la ministre de la jeunesse et des sports, Majdouline Cherni après les actes de vandalisme et les attaques contre les forces de l’ordre au cours et à l’issue de la rencontre de football, CA - EST. La ministre a qualifié, à juste titre, ce qui s’est passé de « terrorisme des stades ». Un tollé général s’en suivit. Pourtant tout le monde sait qu’aujourd’hui, un vrai terrorisme règne dans nos stades et ailleurs (sur les routes par exemple). Il suffit que l’équipe locale ne gagne pas pour qu’une vraie guerre s’engage. Les forces de l’ordre sont la cible principale. A l’issue de la rencontre Tataouine - CAB le gouvernement a « promis » des sanctions graves allant jusqu’à la suspension du championnat. En ne prenant pas la décision le gouvernement a perdu une belle occasion de rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat. Clubiste de notoriété publique j’ai eu à l’occasion du match gala CA c. PSG d’attirer l’attention sur ce hooliganisme. Mais les déclarations de Mme Cherni n’ont pas été du goût de notre vénérable pensée unique.
Le pluripartisme n’a pas généré non plus le pluri syndicalisme
Par ailleurs, le pluripartisme n'a pas non plus généré un pluri syndicalisme. L'Ugtt continue à vivre sur la rente qui lui est assurée depuis l’indépendance. Elle continue à bénéficier des prélèvements sur les salaires opérés pour son compte par l’Etat, ses démembrements et les entreprises. Elle continue à bénéficier de la mise à disposition d’agents publics. Elle détient toujours le monopole de la représentation syndicale (tout comme l’Utap) malgré la création depuis 2011, d’autres syndicats. L’Ugtt est pratiquement le seul interlocuteur de l’Etat et des entreprises.
L’Ugtt, forte du succès remporté à l’occasion du débat national de 2013 et emportée par le Nobel de la paix est devenu un acteur politique majeur beaucoup plus influent que les partis politiques. Elle se pose désormais en force politique sans l’agrément de laquelle rien ne peut se faire et aucune décision ne peut devenir effective. C’est désormais la superpuissance centrale syndicale dotée d’une organisation couvrant l’ensemble du territoire national, des administrations et des entreprises qui fait et défait les gouvernements. Sans son aval aucune nomination à n’importe quel poste administratif ou politique ne peut durer. Si elle décide de faire partir des responsables, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Elle finit, même après un semblant de résistance de la part du gouvernement par avoir gain de cause. Aucune réforme ne peut être menée si elle s’y oppose.
C’est ainsi que l’Ugtt était par exemple opposée au gel des augmentations de salaires décidées par le gouvernement précédent allant jusqu’à la menace d’une grève générale. Tout le monde savait pourtant que le budget de l’Etat était incapable de payer ces majorations de salaires. Il a fallu une pirouette pour éviter le pire. Les syndicats de l’enseignement sont opposés à toute réforme du système éducatif et ont mené une batille acharnée pour défendre le maintien des cours particuliers à domicile ou pour lutter contre le phénomène de l’absentéisme des enseignants. L’Ugtt s'oppose également à toute réforme de la fonction publique. Elle refuse également les décisions salutaires annoncées par le gouvernement pour apurer la situation des caisses sociales (CNRPS, CNSS, CNAM) ou encore celle de Tunis air, d’El Fouladh, ou des gisements de pétrole et de phosphate, des banques publiques. etc. En un mot, désormais, rien ne peut être lié ou délié sans l’Ugtt. La force de la centrale syndicale est devenue tutélaire.
Dans le communiqué rendu public à l’issue de la réunion de sa Commission administrative le 4 mai dernier, l’UGTT fait une déclaration dite « d’initiative politique de sortie de crise ». En fait, il s’agit d’une série de refus et de rejets et aucune proposition « de sortie de crise » n’est avancée. Entre autres choses, la centrale syndicale, l’UGTT exprime sa volonté de prendre en main les dossiers les plus sensibles, comme la santé, l’éducation et la sécurité sociale ; en un mot de se substituer au gouvernement.
Côté refus, l’Ugtt s’oppose la loi PPP (déjà adoptée par la représentation nationale). Elle rejette l’initiative du Président de la république relative à la réconciliation. Elle exige l’arrêt de la mise en œuvre de l’accord entre les ministères de l’Agriculture et des Domaines de l’Etat concernant les terres domaniales et les structures agricoles. Elle appelle au retrait du projet de loi relatif au code des eaux. Bref, rien de concret et aucune proposition réelle pour sortir de la crise.
Entre temps la Tunisie marche à reculons. La crise multidimensionnelle s’aggrave tous les jours un peu plus. L’unité nationale est mise en péril par le régionalisme, le localisme et le corporatisme contre lesquels avait tellement mis en garde le Président Bourguiba.
Telle est la situation alarmante qui prévaut aujourd’hui dans notre Tunisie. A quand un sursaut national salvateur ?
L’Ugtt, forte du succès remporté à l’occasion du débat national de 2013 et emportée par le Nobel de la paix est devenu un acteur politique majeur beaucoup plus influent que les partis politiques. Elle se pose désormais en force politique sans l’agrément de laquelle rien ne peut se faire et aucune décision ne peut devenir effective. C’est désormais la superpuissance centrale syndicale dotée d’une organisation couvrant l’ensemble du territoire national, des administrations et des entreprises qui fait et défait les gouvernements. Sans son aval aucune nomination à n’importe quel poste administratif ou politique ne peut durer. Si elle décide de faire partir des responsables, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Elle finit, même après un semblant de résistance de la part du gouvernement par avoir gain de cause. Aucune réforme ne peut être menée si elle s’y oppose.
C’est ainsi que l’Ugtt était par exemple opposée au gel des augmentations de salaires décidées par le gouvernement précédent allant jusqu’à la menace d’une grève générale. Tout le monde savait pourtant que le budget de l’Etat était incapable de payer ces majorations de salaires. Il a fallu une pirouette pour éviter le pire. Les syndicats de l’enseignement sont opposés à toute réforme du système éducatif et ont mené une batille acharnée pour défendre le maintien des cours particuliers à domicile ou pour lutter contre le phénomène de l’absentéisme des enseignants. L’Ugtt s'oppose également à toute réforme de la fonction publique. Elle refuse également les décisions salutaires annoncées par le gouvernement pour apurer la situation des caisses sociales (CNRPS, CNSS, CNAM) ou encore celle de Tunis air, d’El Fouladh, ou des gisements de pétrole et de phosphate, des banques publiques. etc. En un mot, désormais, rien ne peut être lié ou délié sans l’Ugtt. La force de la centrale syndicale est devenue tutélaire.
Dans le communiqué rendu public à l’issue de la réunion de sa Commission administrative le 4 mai dernier, l’UGTT fait une déclaration dite « d’initiative politique de sortie de crise ». En fait, il s’agit d’une série de refus et de rejets et aucune proposition « de sortie de crise » n’est avancée. Entre autres choses, la centrale syndicale, l’UGTT exprime sa volonté de prendre en main les dossiers les plus sensibles, comme la santé, l’éducation et la sécurité sociale ; en un mot de se substituer au gouvernement.
Côté refus, l’Ugtt s’oppose la loi PPP (déjà adoptée par la représentation nationale). Elle rejette l’initiative du Président de la république relative à la réconciliation. Elle exige l’arrêt de la mise en œuvre de l’accord entre les ministères de l’Agriculture et des Domaines de l’Etat concernant les terres domaniales et les structures agricoles. Elle appelle au retrait du projet de loi relatif au code des eaux. Bref, rien de concret et aucune proposition réelle pour sortir de la crise.
Entre temps la Tunisie marche à reculons. La crise multidimensionnelle s’aggrave tous les jours un peu plus. L’unité nationale est mise en péril par le régionalisme, le localisme et le corporatisme contre lesquels avait tellement mis en garde le Président Bourguiba.
Telle est la situation alarmante qui prévaut aujourd’hui dans notre Tunisie. A quand un sursaut national salvateur ?
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