INTEGRATION
ET REGIONALISME AFRICAIN:
OU EN EST
L'UNION AFRICAINE AUJOURD'HUI ?
Journée d'étude du jeudi 1er novembre 2018
Rapport
introductif
LE PANAFRICANISME ET LE RÉGIONALISME AFRICAIN
Par
Rafaâ BEN ACHOUR
Professeur émérite à la Faculté des
sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis
Juge à la Cour africaine des droits
de l´Homme et des peuples
Le thème de l’intégration est un thème récurrent. Avec la mondialisation
il s’est imposé avec acuité. Un Etat seul peut-il faire face aux différents
défis de la mondialisation ? N’est-il pas mieux armé en intégrant des
groupements d’Etats ? Par ailleurs l’intégration doit-elle être
strictement douanière et tarifaire ou être la plus large possible et s’étendre
aux domaines politiques et englober les domaines qui relèvent des pouvoirs
régaliens des Etats comme les politiques de défense, la politique extérieure et
la politique de sécurité ?
Partons d’un constat : l’intégration régionale est aujourd’hui
un fait qui marque la société internationale et les relations internationales. L’intégration
touche toutes les régions et tous les continents du monde. L’intégration est à
la fois un atout, une marque d'unité et d'union et une réaction face aux
changements vertigineux que connait le monde aujourd'hui. Mais elle est en même
temps souvent difficile à assumer et pose aux Etats des questionnements qui
atteignent leur existence même. Les relations internationales connaissent aujourd’hui
une dialectique entre intégration et renfermement sur soi-même. L’exemple du Brexit britannique en est la meilleure
illustration. Dans le même sens, l’Italie avec la montée de la droite, est de
plus en plus critique à l’égard de l’UE et pense même à abandonner la monnaie
unique.
Pourtant, à l'ère de la mondialisation, on observe que toutes les
grandes régions géographiques du monde ont connu ou connaissent une quelconque
forme de regroupement régional des États.
Évidemment, chaque région connaît sa propre évolution et suit son
propre rythme et ce, en fonction des objectifs qu'elle entend poursuivre dans
le cadre de son processus d’intégration.
L’idée de base est la dynamique de la coopération entre les États
membres en matière de commerce, d'économie, de libre circulation, de monnaie, de
paix et de sécurité au niveau régional. D' autres vont pousser cette dynamique
de coopération jusqu'à parler d'intégration économique régionale sous la forme
de zone de libre échange ou de marché commun, et même d'intégration sociopolitique.
On peut, dès lors, parler d'Organisation d'intégration régionale. L’exemple le
plus abouti et le plus cité d'une organisation d'intégration régionale est celui
de l'Union européenne dont le point de départ a été une simple Communauté du
Charbon et de l’acier pour se transformer en marché commun et pour évoluer en
Union avec des politiques communes dans divers secteurs pour lesquels les Etas
ont consenti à des transferts de souveraineté y compris en matière monétaire
avec une monnaie commune et en matière de sécurité.
Le continent africain ne fait évidemment pas exception à cette
tendance généralisée de regroupement régional dans un contexte de
mondialisation ce qui explique le choix du thème de cette journée d’étude à
savoir « Intégration et Régionalisme africain, où en est l’Union
Africaine aujourd’hui ?»
S’agissant du processus en cours sur le continent africain, toute
la problématique est de savoir s’il s’agit d’une simple coopération entre
les différents Etats africains regroupés au sein de l’UA et des organisations
sous régionales ou s’il s’agit concrètement d’une franche intégration
régionale, dans le sens d'une véritable Union ?
A vrai dire, l’idée de régionalisme africain a pris naissance bien
avant même que l'Afrique ne soit totalement libérée de la colonisation occidentale.
En effet, il apparaît que bien avant les indépendances nationales à la fin des
années cinquante et début des années soixante, des mouvements de la société
civile, des syndicats, des partis politiques et surtout des intellectuels africains
de la diaspora, avaient commencé à promouvoir l'idée d’unité des peuples
africains[1].
Le Panafricanisme, mouvement
d'auto affirmation et de réhabilitation des cultures et des peuples africains,
s'est progressivement transformé en une force organisée ayant des objectifs non
seulement culturels mais aussi politiques.
Dans ce rapport introductif, je vais mettre l’accent sur deux
aspects à savoir, le panafricanisme en tant qu’idée (I); le panafricanisme en
tant que force d’intégration (II).
I. LE PANAFRICANISME EN TANT QU’IDEE
A. les origines du panafricanisme
L’Afrique est le berceau de
l’humanité, tant au point de vue biologique qu’au point de vue des
civilisations. C’est un continent de (30 millions de km²). C’est le deuxième
continent après l’Asie (44 millions de km²). Ses dimensions lui donnent une
grande variété de climats : tempéré, tropical, équatorien.
Presque entièrement colonisée par
les puissances impérialistes européennes au XIXème siècle, l'UA compte
aujourd’hui 55 Etat souverains.
Economiquement, c’est un continent
qui dispose de richesses agricoles, minières, pétrolières et hydrauliques
immenses.
L’Afrique possède les gisements les
plus importants de minerais stratégiques (cobalt, uranium, manganèse, etc.) et
de substances précieuses (or, argent, diamants). Sans être les plus grandes du
monde, les réserves africaines en hydrocarbures sont très importantes.
Avant le colonialisme, l’Afrique a
subi les affres de l’esclavage, notamment à partir de 1624, avec ce qu’on
appelle « le commerce triangulaire » en vertu duquel les navires
négriers armés en Europe amenaient les Africains, faits esclaves en Amériques,
aux Caraïbes et dans les Etats sudistes nord-américains. En 1674, est créée en
Angleterre, la Compagnie royale d’Afrique
de triste mémoire. La même année, est créée, en France, l’également de
triste mémoire, la Compagnie du Sénégal.
Tout au long des presque quatre
siècles de l’esclavage en terre américaine, les Noirs se révoltent, organisent
des insurrections. Certains s’enfuient dans les forêts ou les montagnes, créent
des villages clandestins, ou se vengent[2].
Cette épreuve historique, avec le
sentiment profond de dépossession sociale, économique, politique et
psychologique, d’oppression, de persécution et de bannissement, a créé et
entretenu un élan émotionnel vers la recherche de l’unité et de la solidarité
entre les membres de la diaspora africaine.
Vers la fin du XVIIIème siècle,
un mouvement politique va se développer à travers les Amériques, l’Europe et
l’Afrique, avec le projet d’unir les mouvements disparates en un réseau de
solidarité pour mettre fin à l’oppression. Il va conduire au panafricanisme[3].
Le panafricanisme est par essence
un mouvement d’idées et d’émotions. C’est une vision sociale et politique, une
philosophie et un mouvement qui cherchent à unifier les Africains d’Afrique et
les membres de la diaspora africaine en une communauté africaine globale, et
qui appelle à l’unité politique de l’Afrique[4].
Le panafricanisme n’est pas né
dans la patrie africaine, mais dans la diaspora. Il s’est développé à travers «
un triangle compliqué d’influences atlantiques » entre l’Amérique, l’Europe et
l’Afrique.
Deux des principaux objectifs du
panafricanisme sont le réexamen de l’histoire africaine dans une perspective
africaine et le retour aux conceptions traditionnelles africaines de la
culture, de la société et des valeurs[5].
Le panafricanisme appelle aussi à
un changement radical dans les structures coloniales de l’économie et la mise
en œuvre d’une stratégie introspective de production et de développement. Il
appelle à l’unification des marchés financiers, à l’intégration économique, une
stratégie nouvelle pour l’accumulation initiale de capital et l’établissement
d’une nouvelle carte politique de l’Afrique.
L’idéologie du mouvement
panafricaniste est pour le moins assez confuse. Elle le doit en partie à la
diversité des convictions idéologiques de ses différents fondateurs. Il faut
dire cependant que certains des premiers leaders du panafricanisme ont été
largement influencés par les idées socialistes et même révolutionnaires[6].
B. LES GRANDES FIGURES DU
PANAFRICANISME
Les pères du panafricanisme
furent d’abord anglo-saxons, en particulier américains ou originaires des
Caraïbes : Claude McKay, Countee Cullen, Langston Hughes, Williams E. B.
DuBois, Henry Sylvester Williams, Alexander Walthers (évêque méthodiste),
Marcus Garvey (1868-1963, originaire de la Jamaïque), Nnamdi Azikiwé du Nigéria,
George Padmore (membre du Komintern et de son Bureau nègre) et Francis Kofie
Kwame Nkrumah.
Déjà, en 1897, Henry Sylvester
Williams, avocat issu des Indes occidentales, avait fondé l’Association
africaine pour encourager, spécialement à travers les colonies britanniques,
l’unité de toute l’Afrique. Sylvester Williams, qui avait des liens avec les
dignitaires de l’Afrique de l’ouest, pensait que les Africains et ceux qui en
descendaient et vivaient dans la diaspora, avaient besoin d’un forum pour
traiter de leurs problèmes communs.
En 1900, Sylvester Williams
organisa à Londres la première Conférence de son Association africaine, en
collaboration avec plusieurs leaders noirs représentant divers pays de la
diaspora africaine. Pour la première fois, le mot panafricanisme s’inscrivait
dans le lexique des affaires internationales, et devenait un élément du
vocabulaire ordinaire des intellectuels noirs[7].
Cette première conférence réunit
trente délégués, principalement issus d’Angleterre et des Indes occidentales,
mais attira seulement un petit nombre d’Africains et d’Africains américains.
Parmi eux figurait le noir américain Williams E. B. Du Bois, qui devait devenir
le porte flambeau des Conférences et des Congrès panafricains comme on les
appellera ensuite.
Les Congrès panafricains ont
consisté en une série de cinq réunions tenues en 1919[8], 1921[9], 1923[10],
1927[11] et
1945[12].
Leur objectif était de dresser les problèmes de l’Afrique liés à la
colonisation européenne dans la majeure partie du continent et d’en discuter
les solutions. Ils ont proposé une voie de décolonisation pacifique en Afrique et
dans les Indes occidentales et ont fait avancer de manière significative la
cause panafricaine. L’une de leurs exigences était la fin du système colonial
et de la discrimination raciale. Ils ont aussi exigé le respect des droits de
l’homme et l’égalité des opportunités économiques. Le Manifeste du Congrès
panafricain, qui contient les exigences politiques et économiques, plaidait
pour un nouveau cadre de la coopération internationale[13].
Le 5ème congrès panafricain qui se
tint à Manchester dans le nord-ouest de l’Angleterre, en octobre 1945, est
généralement considéré comme le plus important de tous. Organisé par le très
influent panafricaniste George Padmore, originaire de Trinidad et le leader
indépendantiste ghanéen Kwame Nkrumah, il avait obtenu la participation de
plusieurs chercheurs et intellectuels noirs[14].
Dès lors, le panafricanisme vise
la coopération économique, intellectuelle et politique entre les pays
africains. Il exige que les richesses du continent soient utilisées pour le
développement de ses peuples. Il appelle à l’unification des marchés financiers
et économiques et un nouveau paysage politique du continent.
II) LE PANAFRICANISME EN TANT QUE
FORCE D’INTEGRATION
De nos jours, l’accroissement des interdépendances structurelles
constitue un impératif. Il n’y aura d’intégration politique et économique
véritable que lorsqu’il y aura une intégration physique du continent. Dès lors,
la construction des routes et de ponts, de voies ferrées, la création de lignes
aériennes et maritimes pour relier les aires du continent est nécessaire ; car
il faut permettre aux biens, aux personnes et aux idées de circuler librement
et facilement[15].
De ce fait, il est évident que l’intégration africaine ne date pas
d'aujourd'hui. Elle a une histoire. Elle est issue de l’idée panafricaine
afro-américaine, comme déjà évoqué et qui a vu le jour dès le 18e siècle, parmi
l’élite émergente. De 1900 à 1950, le mouvement panafricain a défendu les
causes des peuples africains contre l’esclavage, la discrimination raciale, la
conquête colonial.
Au niveau national et régional, les mouvements panafricains ont
subi une ère de fragmentation et de divisons idéologiques compromettant
fortement les idéaux d’unité et de solidarité antérieurement prônés.
En 1963, l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) a vu le jour. En
plus de l'OUA plusieurs organisations sous régionales ont été créées En 202,
l’OUA a été remplacée par l'Union Africaine (UA). Malgré cela, le problème de
l’intégration est toujours pendant. Le projet des Etats-Unis d’Afrique relancé
en 2009, par le Leader Libyen a fait long feu. Les projets de remplacement de
la Commission de l’UA par une Autorité de l’UA ont été enterrés. Plusieurs
facteurs ruinent l’espoir d’une Afrique unie[16].
A- L’Organisation de l’Unité
Africaine : le premier pas vers la réunification de l’Afrique
Convaincus désormais de la nécessité de l’unité africaine et eu
égard aux limites et à l’incapacité de leurs États à faire face aux problèmes
africains et internationaux, les responsables africains ont décidé de noyer
leurs divergences pour défendre l’intérêt du continent[17].
C’est pourquoi, les dirigeants africains ont, dès leurs
indépendances, considéré́ l’intégration régionale comme stratégie économique
car la balkanisation de l’Afrique constitue un facteur de vulnérabilité́
économique, de marginalisation au plan international et de réduction des
perspectives de croissance.
Le rêve panafricaniste fut porté par les grandes figures des luttes
de libération nationale (comme Senghor et Nkrumah) et incarné par la création
de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Dans ce contexte, c’est indubitablement
l’un des premiers résultats de décolonisation et du mouvement panafricaniste
mené par le Ghanéen Kwame Nkrumah.
Le 25 mai 1963, 32 pays africains indépendants créent l’OUA, pour
consolider l’union politique et économique du Continent africain[18].
Pour atteindre ces objectifs, les principes suivants ont été
adoptés :
· égalité absolue des États membres de l’OUA ;
· non-ingérence dans les affaires intérieures des États ;
· respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États
;
· règlement pacifique des conflits ;
En effet, l’OUA repose sur trois principes fondamentaux, à savoir :
l’africanité considérée comme ensemble des valeurs culturelles arabo berbères,
la négation du colonialisme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
De l’analyse de ses principes, il ressort que la Charte
constitutive de l’OUA[19]
consacre la victoire des États modérés conservateurs : Afrique des patries,
intégrité territoriale, politique des États, souveraineté. Mais le groupe de
Casablanca y trouvait aussi son compte à travers l’anticolonialisme et
l’engagement de l’OUA pour les luttes de libération.
En effet, dès 1963, l’anticolonialisme fut l’axe principal de
l’action de l’OUA, symbolisée par la création du Comité de libération de
l’Afrique avec son siège à Dar es-Salaam (Tanzanie).
B- De l’OUA à l’UA
La 38ème Conférence des Chefs d’Etat et de
gouvernement de l’OUA, tenue le 9 juillet 2002, à Durban, en Afrique du Sud,
proclame la naissance officielle de l’Union africaine qui succède à
l’Organisation de l’unité africaine. Son
siège fut établi à Addis-Abeba en Éthiopie. Il
y a actuellement 55 Etats membres de l'UA, soit tous les pays d'Afrique[20].
Son Acte constitutif prévoit des organes et institutions inspirés notamment du
modèle de l’Union européenne.
Il y avait énormément
d'ambition dans le mandat qu'elle s'est donnée et les institutions qu'elle a
souhaitées mettre en place. Mais on s'est très vite aperçu de la distance entre
les ambitions affichées et les moyens dont l'Union disposait, notamment la
volonté politique de ses membres et ses ressources financières.
L'Union africaine est allée beaucoup
plus loin que l'OUA dans sa volonté d'intégration, de se saisir de toutes les
questions les plus importantes pour le continent, à commencer par la paix et la
sécurité. En mars 2018, l'Accord portant création de la zone de libre échange
continentale africaine (ZLECA) fut signé à Kigali lors d'un sommet
extraordinaire de l'UA. Aujourd'hui, elle essaie de faire des réformes
institutionnelles (Réforme institutionnelle de l'UA sous l'égide du Président
Paul Kagame), afin d'être de plus en plus pertinente dans son action et de plus
en plus indépendante financièrement.
Pour revenir aux idées sous-jacentes à la construction
panafricaine, il y a lieu de rappeler le document phare qui prône tous les
fondements du panafricanisme et qui se veut une sorte de feuille de route afin
d'attendre une Afrique unie, forte et indépendante d'ici l'horizon 2063.
Il s'agit de l'Agenda 2063 qui est à la fois une vision et un plan
d'action. C'est un appel à l'action à tous les segments de la société africaine
à travailler ensemble pour construire une Afrique prospère et unie, fondée sur
des valeurs communes et un destin commun.
Conclusion
Au terme de notre rapport introductif, il convient de dire que
l’intégration africaine est un processus en cours. Le bilan mitigé de
l’intégration africaine, que nous avons présenté, laisse croire que le projet
de rédemption de l’Afrique est une utopie. Mais aucun destin n’est scellé. Dans
un monde où existe un rapport de force et de domination, il importe que les
Africains comprennent que le salut de l’Afrique ne viendra pas de l’extérieur.
Son salut viendra d’elle-même.
Toutes les tentatives micro nationales de libération de l’Afrique
ont montré leurs limites parce qu’elles ont été « solitaires » au lieu d’être «
solidaires ».
On peut donc comprendre que « la libération de l’Afrique sera
panafricaine ou ne sera pas ».
L’intégration africaine sera ce que les Africains voudraient
qu’elle soit : rêve ou réalité. Ce qui est sûr, c’est que l’unité africaine se
fera tôt ou tard.
Merci pour votre attention.
[1][1][1] Bienvenu Touré
METAN, Enseignant-Chercheur, Maître-assistant au Département de philosophie. Université Alassane Ouattara de
Bouaké – Côte d’Ivoire « Panafricanisme et intégration africaine :
l’Afrique pour l’Afrique : leurre et lueur » disponible sur : file:///C://Downloads/10_afrique_continent_sur_la_voie_de_integration.pdf
[2] Au Brésil les
esclaves révoltés créent la République de Palmarès, grande comme le tiers de la
France, qui résista pendant plus d’un siècle, du milieu du XVIIème siècle au
milieu du XVIIIème.
[3] « Make Africa
Great Again »? Volume 1, numéro 2, octobre 2018 disponible sur : file:////Downloads/vigieafriques_vol_1_no_2%20(1).pdf
[4]
Pour les
fondateurs du panafricanisme, il existe une personnalité africaine commune à
tous les hommes, toutes les femmes de race noire. Cette personnalité noire
recèle des valeurs spécifiques de sagesse, d’intelligence, de sensibilité. Les
peuples noirs qui sont les peuples les plus anciens de la terre sont voués à
l’unité et à un avenir commun de puissance et de gloire.
Tout en appelant les Africains à
prendre conscience de leurs réalités multiples qu’il ne faut pas chercher à
estomper, le panafricanisme les appelle à ne pas se diluer ou s’abandonner,
mais plutôt à s’affirmer. Le panafricanisme vise aussi à amener les Africains à
participer à l’élaboration de la « civilisation de l’universel », c’est-à-dire
à être attentif aux grands courants qui se dessinent dans le monde pour en
saisir toute la signification, afin de participer à la construction d’une
civilisation humaniste, progressiste, ouverte à tous les apports vivifiants,
dans un effort pour rassembler et ordonner les efforts de tous les Africains.
[5] NOMOM ILVO
SYLVAIN , « La formulation du panafricanisme dans la pra tique
conventionnelle et constitutionnelle en Afrique", disponible sur : https://archipel.uqam.ca/5941/1/M13225.pdf
[6] BORELLA
(F), « le régionalisme africain et l’organisation de l’unité
africaine », in Annuaire français de Droit international, 1963,
pp.838-865 disponible sur : https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1963_num_9_1_1061
[7] Ibid.
[8]
Après la tenue
en 1900 de la première conférence panafricaine, le premier des cinq Congrès
panafricains se réunira en 1919. Il était organisé par le penseur et
journaliste Africain Américain W.E.B. Du Bois. Cinquante sept délégués y ont
participé, représentant quinze pays. Sa tâche principale fut de rédiger une
pétition destinée à la Conférence de paix de Versailles qui se tenait alors à
Paris. Parmi ses exigences figurent :
– a) Les alliés administrent les
anciens territoires allemands en Afrique comme un condominium pour le compte
des Africains qui y vivent ;
– b) Les Africains devraient
participer au gouvernement de ces pays « aussi rapidement que leur
développement le permet », jusqu’à ce que, à un moment dans le futur,
l’autonomie soit accordée à l’Afrique.
KABA,( J)., NhKruma: le rêve de
l’unité africaine, Paris Editions Chaka,1991 disponible sur : http://ccs.ukzn.ac.za/files/ouedraogo.pdf
[9]
Ce
Congrès se tient en plusieurs sessions à Londres, Paris et Bruxelles. Le
révolutionnaire indien Shapuiji Saklaatvala y fut présent. Le journaliste
ghanéen W.F. Hutchinson y prit la parole. Ce congrès fut considéré par quelques
uns comme la plus radicale de toutes les rencontres. De la session de Londres
résulta la « Déclaration au monde » qu’on appelle aussi le « Manifeste de
Londres".
La seule voix
discordante fut celle de Blaise Diagne qui, quoiqu’Africain, était
effectivement un politicien français, représentant le Sénégal au Parlement
français. Il trouvait la déclaration dangereusement extrémiste et abandonna
bientôt l’idée du panafricanisme.
COUSSY, J. et HUGON. P. (sous la
direction de), Intégration régionale et ajustement structurel en Afrique
sub-saharienne, Etudes et documents, 1991 disponible sur : http://ccs.ukzn.ac.za/files/ouedraogo.pdf
[10]
Ce congrès se
tint à Londres et à Lisbonne. Mal organisé, il ne connut pas une forte
participation. Mais il répéta l’exigence d’une forme de self-gouvernement,
définissant une relation entre l’Afrique et l’Europe, et mentionnant les
problèmes de la diaspora de différentes façons :
– a) Le développement de l’Afrique
au bénéfice des Africains et pas seulement au profit des européens ;
– b) L’autonomie et un gouvernement
responsable pour les colonies britanniques d’Afrique de l’Ouest et les Indes
occidentales ;
– c) L’abolition de la prétention de
la minorité blanche de dominer la majorité noire au Kenya, en Rhodésie et en
Afrique du Sud ;
– d) La suppression du lynchage et
de la « mob law » aux Etats-Unis.
[11] Il fut tenu à
New-York et adopta des résolutions similaires à celles du 3è congrès.
[12] Ce 5ème
congrès réunit 90 délégués, dont 26 étaient issus de toute l’Afrique. Il
y’avait trente trois (33) délégués des Indes occidentales et les représentants
de cinq différentes organisations britanniques, y compris l’Union des étudiants
de l’Afrique de l’ouest (WASU). W.E. Du Bois, l’homme qui avait organisé le
premier congrès en 1919, était là aussi, à 77 ans, ainsi que la femme de Marcus
Garvey et des politiciens activistes qui deviendront plus tard des leaders
influents dans divers mouvements d’indépendance africaine et dans les
mouvements de droits civiques américains, comme Jomo Kenyatta, le leader de
l’indépendance du Kenya, Hastings Banda du Malawi, le militant et universitaire
W.E.B. Du Bois, Obafemi Awolowo et Jaja Wachuku du Nigéria, Kwame Nkrumah du
Ghana et le radical Trinidadien George Padmore. Il annonça la création de la
Fédération panafricaine qui sera dirigé à partir de 1946 par Nkrumah et
Kenyatta.
C’est ce 5ème congrès panafricain
qui fit avancer le panafricanisme et lui fit assumer la décolonisation
politique de tout le continent africain. Malgré ses résultats, cette conférence
fut peu mentionnée dans la presse britannique. Il y’eut beaucoup de résolutions
adoptées, dont l’une appelait à faire de la discrimination raciale un délit
criminel. La principale résolution s’en prenait à l’impérialisme et au
capitalisme.
Seydou
OUEDRAOGO, « Trajectoire historique, actualités et perspectives du
panafricanisme » disponible sur : http://ccs.ukzn.ac.za/files/ouedraogo.pdf
[13] S.
K. B. Asante, en collaboration avec David Chanaiwa, « Le panafricanisme et
l’intégration régionale » disponible sur : http://www.institutafriquemonde.org/img/Histoire%2520G%25C3%25A9n%25C3%25A9rale%2520de%2520lAfrique/8_Histoire%2520G%25C3%25A9n%25C3%25A9rale%2520de%2520lAfrique_Chapitre%252024.pdf
[14] BACH, D.,
(sous la direction de :) Régionalisation, mondialisation et fragmentation en
Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, 1998 disponible sur : http://ccs.ukzn.ac.za/files/ouedraogo.pdf
[15] BORELLA
(F), « le régionalisme africain et l’organisation de l’unité
africaine », annuaire français de Droit International. 1963, pp.838-865
disponible sur : https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1963_num_9_1_1061
[16] Bienvenu Touré
METAN, Enseignant-Chercheur, Maître-assistant au Département de philosophie. Université Alassane Ouattara de
Bouaké – Côte d’Ivoire « Panafricanisme et intégration africaine :
l’Afrique pour l’Afrique : leurre et lueur » disponible sur : file:///C://Downloads/10_afrique_continent_sur_la_voie_de_integration.pdf
[17] BORELLA
(F), « le régionalisme africain et l’organisation de l’unité
africaine », in Annuaire français de Droit international, 1963,
pp.838-865 disponible sur : https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1963_num_9_1_1061
[18]Parmi les Chefs
d’État fondateurs, les avis divergeaient sur sa nature :
• Les partisans du fédéralisme, menés par le
président du Ghana Kwame N’krumah, s’opposaient aux tenants d’une « Afrique des
États » avec à leur tête le président sénégalais Léopold Sédar Senghor.
• Ces derniers imposèrent leur
vision et l’organisation de l’unité africaine qui devint un outil de
coopération, et non d’intégration entre les Etats Christian Deblock, « L’indice
d’intégration régionale en Afrique » Disponible sur : https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/3156?file=1
Le leader ghanéen Kwamé N’Krumah, il
déclara : « Nous sommes déjà parvenus au stade où nous devons nous unir ou sombrer
dans cet état où l’Amérique latine est devenue, contre son gré, la triste proie
de l’impérialisme après un siècle et demi d’indépendance politique", S.
K. B. Asante, en collaboration avec David Chanaiwa, « Le panafricanisme et
l’intégration régionale » disponible sur : http://www.institutafriquemonde.org/img/Histoire%2520G%25C3%25A9n%25C3%25A9rale%2520de%2520lAfrique/8_Histoire%2520G%25C3%25A9n%25C3%25A9rale%2520de%2520lAfrique_Chapitre%252024.pdf
Quant au président L. S. Senghor, il
souligne : « Si nous voulons bâtir une Afrique unie, nous devons le faire
solidement et, pour cela, la fonder sur nos convergences culturelles, non sur
nos divergences politiques, car ce qui nous lie est au-delà de l’histoire, il
tient à la géographie, à l’ethnie, et partant à la culture ; il est antérieur
au christianisme, à l’islam, il est antérieur à toute colonisation.
BORELLA (F), « le régionalisme
africain et l’organisation de l’unité africaine », annuaire français de
Droit International. 1963, pp.838-865 disponible sur : https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1963_num_9_1_1061
[19] En mai 1963,
la Charte de l'organisation (qui fut rédigée notamment par le Président malien
Modibo Keïta et le président togolais Sylvanus Olympio quelque temps avant sa
mort) fut signée par trente-deux États africains indépendants.
[20]
Le Sud soudan
est le 54e Etat devenu membre de l'Union africaine en juillet 2011, après sa
scission avec le Nord-Soudan.
Le Maroc s'est retiré de l'OUA en
1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie
démocratique en 1982, mais il réintègre l'Union africaine en 2017 et devient le
55e Etat membre de l'UA.
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