Province ottomane depuis 1516, attribuée, en 1920, en protectorat au
titre d’un mandat B de la SDN à la France, le Liban devint
officiellement un État indépendant en 1943. Il a été l’un des sept
membres fondateurs de la Ligue des États arabes et l’un des rares États
arabes fondateurs de l’ONU.
Pourtant, aussi bien en raison de sa situation géopolitique que de sa
composition ethnique et confessionnelle, le Liban, dont le régime repose
sur un subtil équilibre confessionnel consacré par le Pacte national, a
paru fragile et son indépendance vulnérable, si bien que lors de la
fondation de la Ligue des États arabes, l’État libanais a insisté pour
que soit adjointe au Pacte du Caire du 22 mars 1945 une annexe spéciale
sur le Liban et sur le respect de son indépendance. La création de
l’État d’Israël en 1947, est venue compliquer le tableau.
Depuis son indépendance, la politique libanaise n’a jamais pu se
débarrasser des interférences étrangères de ses voisins immédiats
(Syrie, Israël, Palestiniens), mais aussi plus lointains (Égypte, Iran,
Libye) ainsi que de celle de l’ancienne puissance protectrice (France)
ou encore de puissances installées en Méditerranée (États-Unis). Déjà en
1958, les navires américains débarquent à Beyrouth, à la demande du
président Camille Chamoun, dans le but de mettre fin à l’insurrection
qui oppose les partisans et les opposants à l’adhésion du Liban à la
République arabe unie proclamée entre l’Égypte et la Syrie. Depuis, la
souveraineté du Liban et son intégrité territoriale ont été constamment
violées. Ses décisions politiques ont été souvent dictées ou inspirées
par des puissances étrangères, chaque parti ou faction politique
s’appuyant sur le soutien apparent ou occulte d’un protecteur étranger.
Passant ainsi d’une tutelle à une autre et livré aux luttes entre ses
différents tuteurs, le Liban sombra dans une guerre qualifiée de civile
entre 1975 et 1990. Les accords de Taëf scellent la fin de la guerre,
mais légalisent aussi la présence militaire syrienne qui s’ajoute à la
présence militaire israélienne depuis 1978, dans le Sud-Liban. Le
Conseil de sécurité de l’ONU, malgré sa condamnation de l’occupation
israélienne par sa résolution 425, ne montrera aucune espèce de fermeté
pour que sa décision soit appliquée. En 2000, Israël est contraint de se
retirer du Sud-Liban sous l’effet de la résistance libanaise. À partir
de ce moment, il n’y avait plus de raisons pour que la présence syrienne
perdure. Les États-Unis, appuyés par la France, s’emploieront à obtenir
l’évacuation de l’armée syrienne et seront à l’origine de l’adoption par
le Conseil de sécurité de l’ONU de la célèbre résolution 1559 qui
constitue une immixtion dans les affaires intérieures libanaises.
La résolution 1559 sera le point de départ d’une nouvelle tutelle
franco-américaine sur le Liban. L’assassinat de Rafic Hariri sera une
occasion pour mettre le Liban sous contrôle international. Une
commission d’enquête présidée par le très controversé magistrat allemand
Detlev Mehlis est constituée par le Conseil de sécurité, dessaisissant
ainsi l’autorité judiciaire libanaise du dossier. Une cour
internationale est réclamée, y compris par des partis politiques et
hommes d’État libanais, pour juger les coupables. Tout dernièrement, et
suite à l’attentat abject qui a coûté la vie à Gebrane Tuéni, des
membres du gouvernement, dans une réunion officielle du Conseil des
ministres libanais, ont réclamé une enquête internationale et un procès
devant une juridiction internationale des coupables des treize attentats
qui ont frappé des personnalités emblématiques du monde de la politique
et des médias au Liban. Ce dernier épisode a provoqué une énième crise
ministérielle dans le pays du Cèdre.
Durant tous ces événements, l’indépendance du Liban et sa souveraineté
sont souvent mis en exergue par les uns et par les autres. Or,
malheureusement, chaque nouvel événement ne fait que remplacer une
tutelle par une autre et hypothéquer l’indépendance de ce pays et la
souveraineté d’un peuple ouvert, généreux et divers.
* Rafaâ Ben Achour, universitaire tunisien, est ancien secrétaire d’État
à l’Éducation, ancien président de l’université de Tunis-II et ancien
secrétaire général de l’Académie internationale de droit constitutionnel.
© Jeuneafrique.com 2006
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