jeudi 17 mai 2007

Liban et Palestine : Double standard JEUNE AFRIQUE. N* 2398 – 2399. du 24/12/2006 au 06/01 2007


L’actualité a voulu que, durant ces derniers jours, les gouvernements libanais et palestinien soient contestés en même temps et que des appels à leur remplacement par des gouvernements dits d’union nationale soient lancés, bien que l’un et l’autre soient issus d’une majorité parlementaire démocratiquement élue et bien qu’ils n’aient pas été mis en minorité dans leurs parlements respectifs. Les deux peuples - libanais et palestinien - sont en raison de cette situation aux bords de la guerre civile

La similitude entre les deux situations, critiques vécue à Beyrouth et tragique vécue à Gaza, s’arrête là.

En effet, l’existence du gouvernement Siniora est mise en cause par un certain nombre de partis politiques libanais qui, ne pouvant renverser le gouvernement grâce aux procédures parlementaires, ont eu recours à des manifestations de rues et à des démonstrations populaires. Ce gouvernement résiste à la pression populaire grâce a l’appui extérieur dont il bénéficie auprès des puissances mondiales (Etats-Unis, Royaume Uni, France, Allemagne, Russie) et régionales (Arabie Saoudite, Egypte), Les soutiens du gouvernement libanais estiment que les procédures constitutionnelles sont le seul recours possible et condamnent les protestations de rue comme étant un coup de force, ou même une tentative de coup d’Etat, téléguidés de l’extérieur par Téhéran et Damas. Quant au gouvernement Henia (toujours désigné comme étant le « gouvernement Hamas » non le gouvernement palestinien), bien qu’élu démocratiquement à la suite d’élections dont le caractère honnête et loyal a été attesté par tous les observateurs étrangers est contestée par ceux-la même qui soutiennent le gouvernement libanais en raison de sa légitimité démocratique. Depuis son investiture par le Conseil législatif palestinien, le gouvernement palestinien est pris pour cible : toute aide internationale, provenant notamment des pays occidentaux et plus particulièrement de l’Union européenne, lui a été coupée pour le mettre dans l’incapacité de gouverner. Mme Rice et les bailleurs de fonds auxquels s’est joint M. Olmert, exigent la constitution d’un gouvernement d’union nationale à Gaza pour lever leur embargo et continuer les pourparlers en vue d’un règlement négocié de la question palestinienne.

C’est ce tableau surréaliste qui en train d’être peint dans ce « Grand Moyen Orient » appelé des vœux de Mme Rice. Le même argument, la légitimité démocratique, est utilisé pour justifier deux politiques diamétralement opposées. La politique du double standard ne gène plus personne et la démocratie, propulsée depuis la fin de La guerre froide comme norme de bonne conduite internationale, s’avère être une notion à géométrie variable selon qu’on se trouve d’un côté ou de l’autre … du Mont Liban .


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